PROBST, J.M. 1997. Oiseau la vierge ou Tchitrec des Mascareignes Terpsiphone bourbonnensis. Bull. Phaethon, 5 : 49-50.

Publié le par Jean-Michel PROBST

Bulletin Phaethon, 1997, 5 : 49-50.

Fiche « patrimoine naturel à protéger »

Oiseau la Vierge
ou Tchitrec des Mascareignes
Terpsiphone bourbonnensis

Jean-Michel Probst*

* Nature & Patrimoine, 2 Allée Mangaron, Dos d'Ane, 97 419 LA POSSESSION

L’oiseau décrit ci-après est une espèce d’oiseau forestier de l’Ordre des Passeriformes. Il fait partie de la Famille des Monarchidae qui comporte 328 espèces dans le monde, dont 6 se rencontrent dans l’Océan Indien. L’Oiseau la Vierge, ou Terpsiphone de Bourbon, est représenté dans notre île, par une sous-espèce endémique.

OISEAU-LA-VIERGE
Terpsiphone bourbonnensis (Müller, 1776)
Créole : Chakouat (La Réunion), Kok debwa (Maurice).
Français : Gobe-mouche des Mascareignes, Tchitrec des Mascareignes.
Anglais : Reunion Flycatcher.
Allemand : Maskaren-Paradiesschnäpper.

Distribution dans l’Océan indien.
T. b. bourbonnensis (Müller, 1776) - endémique de La Réunion.
T. b. desolata (Salomonsen, 1933) - endémique de Maurice.


DESCRIPTION. Longueur : 14-15 cm.

Adulte. Dimorphisme sexuel apparent. Espèce polyphasique (le plumage de certains mâles ressemblent à celui de la femelle). Mâle type : Tête à calotte bleu foncé à reflets métalliques ; menton, gorge et parties inférieures des joues gris clair ; iris, brun noir ; cercle orbital bleu turquoise ; petit bec gris bleu, entouré de vibrisses ; bas du dos, dessus des ailes et croupion roux ; parties ventrales gris clair ; longue queue rousse ; tarses et doigts noirs.

Femelle : Semblable au mâle, à l’exception de la calotte gris clair et le plumage des parties supérieures moins « brillant ».

Immature. À la sortie du nid, le plumage entièrement roux devient progressivement gris clair sur les parties ventrales et gris bleu sur le dessus de la tête. Sur la gorge et le haut du dos, il porte, pendant deux mois, des mouchetures caractéristiques du plumage juvénile.

IDENTIFICATION. Oiseau forestier à silhouette élancée, à longue queue. Plumage de la tête gris bleu, parties supérieures rousses et parties ventrales gris clair. L’Oiseau la Vierge ne peut être confondu avec aucun autre oiseau. Mesures de l’oiseau en main : Aile : 68-73 mm. Bec : 8-9 mm. Tarse : 14-16 mm. Queue : 68-80 mm.

VOIX. Le chant nuptial doux et mélodieux est constitué de notes flûtées et liquides d’intensité décroissante. Le cri de contact est bisyllabique.

COMPORTEMENT. L’Oiseau la vierge se déplace souvent en couple et fait parfois partie des "rondes d'oiseaux blanc". Sans doute en raison de petits insectes dérangés par les déplacements humains, il s'approche quelquefois très près du promeneur en lui tournant autour puis retourne tranquillement glaner ses proies dans le feuillage alentour.

NIDIFICATION. La reproduction a été constatée de septembre à janvier. Le nid compact, en forme de coupe profonde, est installé entre 1,5 et 4 mètres de hauteur, à la fourche verticale de 2-4 rameaux d’arbustes généralement indigènes (Chassalia corralioides, Gaertnera vaginata), parfois introduits (Psidium catleyanum, Solanum torvum) ou de jeunes arbres indigènes (Mimusops maxima, Nuxia verticilata, Ocotea obtusa, Tarenna borbonica). Il est constitué de mousses, de fibres végétales et garni à l'intérieur de plumes. La ponte est constituée de 2-3 œufs (18-20 x 15-16 mm), blanc rosé, tachetés de roux. L’incubation est assurée par les deux parents.

MILIEU. Exclusivement forestier, on le trouve principalement dans les forêts indigènes situées entre 400 et 1 800 mètres d'altitude (maximum : 2 300 mètres dans la ravine Bachelier, Cirque de Salazie). Dans le Sud Est de l’île, on le rencontre parfois jusqu’au littoral. Il semble toutefois avoir une nette prédilection pour les forêts indigènes de basse altitude (Tremblet, Cratère) dans lesquelles sa densité est supérieure. Lors des mouvements saisonniers, il descend volontiers à plus basse altitude en empruntant l’axe des ravines arborées dans lesquelles il se déplace parfois jusqu'au littoral.

ALIMENTATION. Essentiellement insectivore (Lépidoptères, Diptères, Coléoptères) l’Oiseau la Vierge capture souvent ses proies en vol (papillons : Henotesia narcisus, Neptis dumetorum, Phalantha phalantha), parfois en claquant le feuillage de ses ailes. Il capture également des proies au ras de l’eau (Gerris et araignées d’eau) ou, souvent en compagnie des rondes d’Oiseaux blanc Zosterops borbonica, celles qui sont posées sur les branches et les troncs des arbres.

STATUT ET REMARQUES. Cet oiseau présente deux sous-espèces dont les représentants sont endémiques d'une île des Mascareignes : T. b. bourbonnensis à La Réunion et T. b. desolata à Maurice. Avec une population estimée entre 48 000 et 50 000 individus, la forme réunionnaise est relativement commune dans les forêts indigènes. En revanche, avec moins de 250 couples, la sous-espèce mauricienne est rare et menacée de disparition. Elle ne se rencontre plus que dans la forêt du Sud Ouest de l'île. Il existe de nombreuses espèces ou sous-espèces endémiques des îles de l’Océan Indien : T. corvina, endémique très localisée à La Digue et Marianne (accidentel à Praslin ?) aux Seychelles ; le Gobe-mouche de paradis de Madagascar T. m. mutata (Linnaeus, 1766), T. m. comorensis  (Milne-Edwards & Oustalet, 1885) à la Grande Comore, T. m. voeltzkowiana  (Stresemann, 1924) à Mohéli, T. m. vulpina  (Newton, 1877) à Anjouan, T. m. pretiosa  (Lesson, 1847) à Mayotte, T. paradisi paradisi aux Maldives, T. paradisi ceylonensis  au Sri Lanka.

REFERENCES. Abhaya, 1995 ; Ali, 1996 ; Barré & Barau, 1982 ; Barré, Barau & Jouanin, 1996 ; Benson, 1971 ; Bullock & Al. 1988 ; Cheke, 1987 ; Cheke & Jones, 1987 ; Couteyen & Ivoula, 1996 ; Fayon, 1971 ; Gerlach, 1996 ; Horne, 1987 ; Ladouceur, 1997 ; Langrand, 1995 ; Louette, 1988 ; Macdonald, 1993 ; Penny, 1974 ; Probst, 1997a, 1997b ; Rocamora, 1997 ; Rocamora & Al., 1995 ; Verner, 1995 ; Watson, 1981.
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