PROBST, J.M. 1996. La Papangue ou Busard de Maillard, Circus maillardi. Bull. Phaethon, 4 : 79-80.

Publié le par Jean-Michel PROBST

Bulletin Phaethon, 1996, 4 : 79-80.

Fiche « patrimoine naturel à protéger »

La Papangue ou Busard de Maillard

Jean-Michel Probst*

* Nature & Patrimoine ; BP 279, 97 827  Le Port Cedex

L’oiseau décrit ci-après est une espèce de rapace de l’Ordre des Falconiformes. Il fait partie de la Famille des Accipitridae qui comporte 237 espèces dans le monde. La Papangue ou Busard de Maillard est un oiseau endémique de La Réunion.

PAPANGUE

Circus maillardi  Verreaux, 1863
Français : Busard de Maillard.
Anglais : Reunion Harrier.
Allemand : Reunionweiher.
Espagnol : Aguilla de Reunion.

Distribution dans l’Océan indien.
C. m. maillardi (Verreaux, 1863) – endémique de La Réunion.
C. m. macrosceles (Newton, 1863) – endémique de Madagascar et des Comores.
C. m. alphonsi (Hachisuka, 1953) – endémique de Maurice (éteint).

DESCRIPTION. Longueur : 54-59 cm. Envergure : 125-140 cm.

Adulte. Dimorphisme sexuel apparent.

Mâle. Tête noire marquée de stries blanches ; bec crochu, noir ; iris jaune ; parties supérieures blanches, noires et grises ; ailes panachées de gris noir et de gris dessus, blanches avec le bout noir dessous ; queue grise barrée de brun sombre ; croupion blanc ; tarses et doigts jaunes.

Femelle. Tête, dos et parties supérieures brun sombre à l'exception du croupion blanc.

Immature. Plumage semblable à la femelle à l'exception du croupion moins marqué et tacheté de roux, des parties ventrales marquées de blanc et des sous-caudales rousses.

IDENTIFICATION. Rapace de taille moyenne ; mâle reconnaissable à son plumage brun strié alterné de blanc grisâtre et le bout des ailes noires ; femelle plus grande, brune avec une tache blanche au croupion ; c'est le plus grand oiseau nicheur de La Réunion ; se rencontre dans l’est, du littoral à 2850 mètres et dans l’ouest, principalement le long des versants des ravines ou dans les forêts au dessus de 600 m ou localement au-dessus des étangs littoraux. Mesures de l’oiseau en main : Aile : 342-360 (mâle), 370-382 mm (femelle). Bec : 31-35 mm. Tarse : 78-92 mm. Queue : 218-230 (mâle), 230-240 mm (femelle).

VOIX. Manifestations vocales variées ; en vol, cri plaintif isolé « kièè » entendu toute l’année ; pendant la période nidification, série de cris sonores « kiè ké-ké-ké... », accompagné de parades nuptiales.

NIDIFICATION. Constatée de décembre à mai à La Réunion. Parfois, les mâles immatures transportent des matériaux pour le nid dès les mois de juin et juillet. Le nid en coupe, est installé sur le sol. Il est constitué de branches et de tiges végétales entrecroisées. La ponte est constituée de 2-4 œufs (46-51 x 35-37 mm), blanc craie. Les jeunes restent à proximité des parents jusqu’à la saison de reproduction suivante.

COMPORTEMENT. La Papangue s'élève souvent dans les ascendances au-dessus des forêts ou explore, au ras des arbres, les versants des ravines.

MILIEU. Il fréquente principalement les forêts, les zones arbustives, les remparts des ravines, et les étangs littoraux. On le rencontre du littoral (Saint Paul, Bois Rouge, Sud Sauvage) jusqu’à 2900 mètres, juste en dessous des plus hauts sommets de l’île (Piton des Neiges, Gros Morne, Grand Bénare). 

ALIMENTATION. Elle capture essentiellement les petits oiseaux (Foudia madagascariensis, Zosterops spp.) et, plus rarement, des oiseaux de taille moyenne (Columba sp., Gallinula chloropus, Gallus sp.). Il se nourrit également de petits mammifères (Rattus sp., Tenrec ecaudatus) qu’il capture parfois sur les colonies de Pétrel de Barau. L’étude des pelottes de réjection a révélé qu’il consommait aussi des reptiles (Phelsuma borbonica, Calotes versicolor), des amphibiens (Ptychadena sp.) et des insectes (Orthoptères et Coléoptères). Enfin, comme de nombreux rapaces, il se nourrit parfois de charognes laissées le long des routes (cadavres de chiens, chats, oiseaux, reptiles, etc.).

STATUT ET REMARQUES. La sous-espèce Circus maillardi maillardi est aujourd'hui endémique de La Réunion. Certains auteurs la considèrent comme une espèce endémique à part entière. Sa population actuelle est estimée à 200 couples. Elle est probablement moins importante qu’autrefois puisqu’on la trouve à basse altitude, uniquement dans les zones non urbanisées. Une sous-espèce proche, C. m. macrosceles est localisée à Madagascar et aux Comores. Signalons également la disparition du Busard de l’île Maurice, C. m. alphonsi et le projet d’introduction de notre Papangue dans l’île sœur. D’autres espèces sont parfois répertoriées sur des îles de l’Océan Indien : le Busard des roseaux C. aeruginosus à Pemba et Socotra, ainsi qu’avec le Busard pâle C. macrorus,  le Busard des roseaux C. aeruginosus  et le Busard cendré C. pygargus  aux Lacquedives, Maldives, Sri Lanka et Andamans, le Busard Tchoug C. melanoleucos  au Sri Lanka.

NUISANCES. Presque chaque année, des individus sont tirés par des braconniers ou des éleveurs de poulets. Nous avons relevé un cas de percussion contre une ligne à haute tension (Grand Étang).

NOTE. Si vous trouvez un Papangue blessé, vous pouvez contacter directement le Zoo de Sainte Clotilde qui récupère les oiseaux blessés. Il a actuellement deux femelles en cours de rétablissement.

REFERENCES. Barré, 1983 ; Barré & Barau, 1982 ; Brown, Urban & Newman, 1992 ; Cheke, 1987 ; Cheke & Jones, 1987 ; Clouet, 1976, 1978 ; Del Hoyo, Elliott & Sargatal, 1994 ; Diamond, 1987 ; Jones, 1989 ; Langrand, 1990 ; Langrand & Meyburg, 1984 ; Lever, 1987 ; Louette, 1988 ; Milon & Al., 1973 ; Probst, 1991 ; Simmons, 1991 ; Staub, 1976 ; Thibault & Guyot, 1988.

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J
Bonjour,Compliment pour votre site, en espérant qu'il soit toujours actif ...Passionné par les rapaces, je suis toutefois surpris que vous ne fassiez pas allusion à une particularité du Papangue, qui, quant à moi, me fascine : à maintes occasions, sur une route abandonée pour cause d'effondrement et qui surplombe la ville de St Denis du coté de La montagne, j'ai arrêté la moto pour l'observer ...Le Papangue plane en longeant la paroi  ... Tout à coup, il apparait tout blanc ! Il vient de "passer en vol dos" !!! puis il plonge, pique vers le sol avant de repartir en pleine ascension et de reprendre son planer d'observation ...Emouvant, passionnant, fascinant ... ce type d'action de vol est peu courant, je ne l'ai vu que chez certains éperviers ...J epeux reste des heures à me régaler d'un planer en "point fixe" de Circaete Jean le blanc, ou d'une buse commune se comportant comme un crécerel au dessus d'une carcasse ...Le monde des rapaces, et des oiseau en général, nous montre que l'homme n'a rien inventé ! Mais il aurait du depuis longtemps se contenter de "copier" Dame Nature, pour les domaines de vol: canard, sarcelles, circaete, aigles, vanneau et autres nous ont démontés depuis les temps immémoriaux comment concevoir nos machines pour tenter de les imiter et donner les meilleurs profils à nos ailes (circaete = planeur, vanneau = voltige, sarcelles et éperviers = vitesse & chasseur à voilures variables ...)J'en passe et des meilleurs ....Mais je ne lasserai jamais de stopper mon véhicule pour prendre le temps de contempler la grande réussite de cette Grande Dame Nature qui m'offre tant d'émotions, emplie mon cerveau de photos & régale mes yeux sur Terre, dans les airs & sous la mer ...Que d'émerveillements .... et tout ce qui me reste encore à découvrir ....Bien sincèrementMichel JAILLET
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