TURPIN, A. 1996. Description d’une espèce de reptile en progression constante dans les îles des Mascareignes : l’Agame Calotes versicolor. Bull. Phaethon, 4 : 81-82

Publié le par Jean-Michel PROBST

Bulletin Phaethon, 1996, 4 : 81-82.

Description d’une espèce de reptile en progression constante dans les îles des Mascareignes : l’Agame arlequin Calotes versicolor

Agnès Turpin *
* Nature & Patrimoine, 2 Allée Mangaron, Dos d'Ane, 97419 LA POSSESSION

    Classé dans l’ordre des Squamates et la Famille des Agamidae, l’Agame arlequin est appelé « Caméléon » à La Réunion, Maurice et Rodrigues. C’est une espèce de lézard à peau écailleuse gris jaunâtre et avec une crête hérissée qui lui donne l’aspect d’un reptile préhistorique. Du point de vue historique, il a été introduit préalablement à La Réunion en 1865 avec des boutures de canne à sucre en provenance de Java. Des individus de cette population réunionnaise auraient été introduits vers 1900 à Maurice (Vinson & Vinson, 1969). Puis, il y a quelques années, en 1990, des individus mauriciens ont été introduits à Rodrigues (Comm. pers. Jean-Michel Probst et observations personnelles).

Taxonomie

    Le Genre Calotes a été décrit par Cuvier en 1817. Il est constitué par 27 espèces distribuées essentiellement en Asie et la région Indochinoise au Sri Lanka et aux Andamans. Il a été introduit dans de nombreuses îles de l’Océan Indien.

Synonymie et principales combinaisons.
Agama versicolor Daudin, 1802, Hist. Nat. Rept., vol. 3, p. 395, pl. 44. (typ loc. : Inde).
Calotes versicolor (Daudin) Jerdon, 1853, J. Asiat. Soc. Beng., vol. 22, p. 470.
Calotes versicolor (Daudin) Boulenger. 1885, Cat. Liz. Brit. Mus., vol. 1, p. 321.
Calotes versicolor (Daudin) Asana 1931, J. Bombay N. H. Soc., vol. 34, p. 1041.
Calotes versicolor (Daudin) Smith, 1935, Faun. Brit. India, Rep., vol. 2, p. 189-193.
Calotes versicolor (Daudin) Deraniyagala, 1953, Col. Atlas Vert. Ceylan, p. 54.

DESCRIPTION. La longueur des individus adultes oscille entre 25 et 50 cm. Le dimorphisme sexuel est non perceptible. Pendant la période nuptiale, le mâle est reconnaissable grâce à une marque rouge plus ou moins étendue au niveau de la tête. L’adulte a généralement la tête brun clair, parfois ocre ou jaune vert avec une crête sur la nuque et le menton plus clair. L’iris est brun orangé. Le dos est de couleur variable suivant les individus, généralement brun clair marbré de brun foncé, parfois teinté de jaune vert, crête dorsale. Il possède une longue queue effilée, nettement supérieure à la longueur du museau à la base de la queue. Il porte également des doigts effilés et longs, terminés par des griffes. Le juvénile est semblable à l’adulte, mais avec une taille réduite.

ACTIVITÉ. L’agame se rencontre généralement en petits groupes lâches. Les individus sont souvent immobiles, exposés sur un promontoire au soleil (galet, tronc d’arbre mort, extrémité d’une branche). Sans arrêt sur leur garde, ils s’observent de loin et défendent hardiment leur territoire. Ils grimpent très bien aux arbres et s’y réfugient souvent au moindre danger.

REPRODUCTION. L’agame est ovipare. Sa reproduction a été constatée à La Réunion. La ponte de la femelle est de 6 à 14 œufs (14-15 x 8-9 mm). Ils sont blancs, légèrement ovoïdes. Elle les dépose juste sous la surface d’un substrat terreux ou sablonneux. L’incubation dure de 69 à 76 jours.

MILIEU. Il fréquente essentiellement les zones littorales, les cultures, les vergers, les plantations, les espaces verts, les haies, les zones arbustives entre 0 et 800 mètres. L’Agame semble éviter la forêt indigène profonde, mais se rencontre dans quelques clairières et le long des allées forestières.

ALIMENTATION. Essentiellement insectivore l’agame capture des insectes à l’affût (Lépidoptères, Coléoptères). Il consomme également des fleurs, des fruits, des petits reptiles (geckos) et enfin, plus rarement, des œufs d’oiseaux.

REMARQUES. L'agame aurait pris la niche écologique des Scinques, ces lézards endémiques que l'on rencontrait principalement sur le littoral et probablement jusque vers 500-600 mètres d'altitude. Il a probablement contribué à l’extinction de ces derniers. Je remercie bien chaleureusement Jean-Michel Probst à la fois pour ses remarques pertinentes, ses multiples connaissances, le prêt de sa bibliographie et pour avoir relu le manuscrit.

Bibliographie

ASANA, J.J. 1931. The natural history of Calotes versicolor (Boulenger), the common Bloodsucker. J. Bombay nat. Hist. Soc. 34 : 1041-1047.

ASANA, J.J. 1941. Further observations on the egg laying habits of the lizard Calotes versicolor (Boulenger). J. Bombay nat. Hist. Soc. 42 : 937-940.

BOUR, R. et MOUTOU, F. 1982. Reptiles et amphibiens de l'île de La Réunion. Info Nature 19 : 121-156.

MOUTOU, F. 1983. Identification des Reptiles réunionnais. Info Nature 20 : 53-64.

PROBST, J-M. (à paraître). Guide des vertébrés terrestres de La Réunion. Éditions Azalées.

VINSON, J. et VINSON, J.M. 1969. The saurian fauna of the Mascarene Islands. Bull. Maurt. Inst. 6 (4) : 203-320.
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